Sous terre, le siphon désigne une galerie entièrement noyée ; pendant de longues années il a été le cauchemar du spéléologue car il pouvait mettre un terme définitif à ses explorations.
La plongée souterraine est une discipline relativement récente, hormis quelques rares tentatives épiques au 18 et 19ème siècle,
puis, quelques autres au début du siècle, comme celle de Casteret dans la Grotte de Montespan qui a plongé nu et en apnée avec la bougie entre les dents.
La plongée souterraine est née presque en même temps que la plongée en scaphandre.
Dès les balbutiements de la plongée en scaphandre autonome, à force d’audace et d’ingéniosité, mais aussi au prix de leur vie, les pionniers de la plongée souterraine ont réussi à franchir quelques siphons parmi les plus courts Ils ont ainsi pu poursuivre les « explos » au-delà de ce redoutable obstacle. Les spéléologues qui se lançaient dans la plongée souterraine avaient tous la même approche : le siphon est un obstacle qu’il faut franchir pour continuer l’exploration. Parallèlement à ça de grands plongeurs : Cousteau, Haroun Tazieff, Delauze, etc. se sont attaqués, eux, aux siphons mythiques comme : Fontaine de Vaucluse, Port-Miou, Fontaine Lévêque, etc.
A cette époque (années 60 et 70), les plongeurs souterrains se comptent sur les doigts de la main ; tout devait être inventé, c’est le temps du bricolage et du système D. Pourtant la plongée souterraine s’organise, des équipes se constituent un peu partout. D’une manière empirique et en payant parfois de leur vie ces pionniers établissent alors, les règles de sécurité encore en usage aujourd’hui comme :
- Le bi séparé,
- L’utilisation du fil d’Ariane,
- L’emploi des manomètres immergés.
A la fin des années 70 et aux débuts des années 80, les spéléo-plongeurs sont essentiellement des spéléologues, ils réalisent souvent seuls de grandes explorations post-siphon. Pendant prés de 10 ans la satisfaction des plongeurs spéléologues a été ainsi de progresser au-delà du siphon et le prix à payer était la plongée.
Au début des années 80, ce microcosme s’est métamorphosé :
Les spéléos-plongeurs ne redoutent plus la galerie noyée mais la recherchent. Le siphon devient peu à peu la finalité.
LE SIPHON DEVIENT LE BUT
Alors les spéléo-plongeurs sont devenus peu à peu des spéléonautes qui pour aller au-delà des terminus des plongeurs spéléo de la première génération doivent aller très loin ou très profond
Des spéléos-plongeurs se sont métamorphosés. Ils ne redoutaient plus la galerie noyée mais la recherchaient. Le siphon devint peu à peu la finalité de leur passion. Le spéléonaute, hybride d’un plongeur et d’un spéléologue était né et la spéléonautite guettait. Cette maladie étrange qui touche bon nombre de spéléos-plongeurs. Une fois contaminé, peu à peu le malade rechigne lorsque le siphon débouche à l’air libre. Il ne souhaite plus qu’une chose : que le siphon continue au plus loin, voire au plus profond. La métamorphose est radicale quant à l’approche de la plongée souterraine. Le siphon-obstacle devient le but d’une passion dévorante